La VIPlaylist #13 Grand Blanc

GRAND BLANC fait indéniablement partie de mes plus belles découvertes musicales de 2014. C’est au détour d’une conversation avec notre ami Gui Mauve de Soul Kitchen que j’ai découvert ce jeune groupe originaire de Metz. Leur chanson Degré Zéro fait partie de celles qui m’ont le plus marquée l’année dernière. Impossible de décrire ce que je ressens en l’écoutant mais elle m’emmène très loin. On était à Paris lors de leur premier concert à Lyon au Sonic alors on attend avec grande impatience leur concert de ce soir au Périscope dans le cadre du Festival des chants de Mars. Pour info il reste quelques places, foncez !

Grand-Blanc photo noir et blanc extérieur Adrien Landre

© Adrien Landre

Tout comme Zoé, j’ai découvert GRAND BLANC lors d’une discussion avec l’ami Mauve. Guillaume a beau avoir de très bons goûts musicaux, il y a certains artistes sur lesquels nous sommes en désaccord, comme « Fauve », « Radio Elvis » ou « Feu! Chatterton » que lui adore, moi déteste. Alors là, je me suis, et je m’en excuse s’il me lit, permis de douter. Encore un groupe qui va nous balancer sa verve dans une grandiloquence gênante tant elle manque, à mon sens de pudeur, ai-je pensé. Et c’est précisément ce qui m’a emballé d’emblée chez GRAND BLANC, comme il le nomme lui même, Guimauve, cet « uppercut », mais pour moi tout en douceur, tout en pudeur. On pense bien sûr au (tant aimé) Bashung, par ce degré de profondeur et de métaphores, et encore une fois, cette pudeur qui manque parfois trop, à mon sens, à une certaine nouvelle scène française. Très heureux de les interviewer, ces Grands là.

Bon alors demain c’est votre deuxième concert de l’année à Lyon, vous êtes prêts ?

Benoît : Ouais plutôt ouais !

Quelle formation vous avez sur scène ?

Benoît : On est quatre, moi je suis à la guitare et au chant, Camille au chant et au synthé, Vincent est à la basse et Luc est au SPD et au synthé.

Vous faites partie du très chouette label Entreprise. Je pense que la musique a pas mal évolué ces dernières années et que la plupart des gens ne savent pas forcément quel est la vrai fonction d’un label. On imaginait à l’époque un label qui produisait, qui pressait les vinyles etc.. Quel rapport vous vous entretenez avec le votre ?

Benoît : Entreprise c’est une structure un peu particulière, ils ont leur propre studio, donc c’est un label de production.

Camille : Oui c’est un peu un label à l’ancienne, ils aiment bien s’occuper de tout, même de l’artistique, mais ils nous laissent totalement libres. Ils sont là si on a besoin de conseils., ils nous soutiennent sur le plan financier aussi évidemment, c’est eux qui nous aident à réaliser nos projets en fait ! Que ce soit pour faire un vinyle ou autre.

Benoît : Oui puis Entreprise c’est un label qui a aussi une ligne artistique assez précise, c’est pas le cas de tous les labels. On est assez contents parce que cette ligne, c’est la notre depuis le début donc ça tombait très bien !

On dit qu’il y a un peu un renouveau de la musique française. Je pense notamment à La Femme ou des groupes un peu moins connus comme Radio Elvis ou Feu! Chatterton.  Quel votre regard portez-vous sur la scène française aujourd’hui ? 

Benoît : On a un regard un peu ambivalent. Parce que pour nous, c’est important de chanter en français. Et en même temps, ce qui est censé caractériser cette nouvelle scène française, c’est justement qu’elle ne fait pas de la chanson française et qu’elle fait de la musique avant tout. Il y a un truc un peu bizarre qui fait qu’on est content parce qu’on a toujours voulu faire de la musique en français. Et les premiers moments où l’on faisait de la musique ensemble, on se disait «Merde c’est un peu un handicap, on aimerait bien que les gens ré-apprécient la musique en français». On a eu de la chance parce qu’on est plutôt arrivé au bon moment, on ne le porte pas non plus comme un étendard, justement on veut se distancer de la chanson française, et du coup ça fait ce truc un peu étrange où tous les groupes se trouvent un petit peu regroupés dans une scène alors qu’ils n’ont rien à voir entre eux. Feu! Chatterton ça n’a rien à voir avec Fauve, Fauve ça n’a rien à voir avec nous, nous on a rien à voir avec Granville. T’as des groupes de surf, de pop/rock, de slam qui se retrouvent sous la même étiquette, c’est totalement absurde. Donc en soit il faudrait pas appeler ça nouvelle scène française.. C’est pas la musique qui définit cette scène, c’est plutôt l’appétit qu’on les gens d’écouter du français et ça c’est très cool, mais en faire une scène et un courant artistique, c’est con…

Camille : C’est vrai que quand on regarde la programmation des soirées, souvent des groupes sont réunis ensemble parce qu’ils chantent en français. S’ils chantaient en anglais, on ne les aurait jamais mis ensemble parce qu’au final leurs musiques n’ont rien à voir !

Benoît : Mais après voilà, l’ouverture des gens à la pop française ça fait super plaisir, déjà parce qu’elle fait qu’on peut faire écouter notre musique, et que les gens ont l’air d’avoir envie de l’écouter.

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© Guillaume Lechat et Philippe Mazzoni

C’est vrai que les gens ont tendance à dire qu’on a eu un « Age d’or de la variété française » dans les années 70. Et aujourd’hui ils ont envie de vous mettre dans une « nouvelle scène » dite « française »

Benoît : En soi on aimerait aussi que pleins de groupes fassent pleins de choses différentes et c’est ce qui est en train de se passer, mais la question c’est juste « Est-ce bien nécessaire d’en faire une scène ? »

Camille : Après le truc c’est aussi qu’à chaque fois qu’il se passe quelque chose, dans l’art ou dans la musique, il y a un délire journalistique qui est de construire un courant et ensuite de le ranger dans un tiroir une fois que la période est passée. Quand on regarde les années 70 avec la variété française on a l’impression qu’ils étaient tous proches les uns des autres et qu’effectivement ils appartenaient à la même scène. Mas on en sait rien au final, et c’est pareil aujourd’hui on ne sait pas trop quand est-ce qu’on peut parler de scène, déjà parce qu’on a pas de recul et comme disait Ben, on fait des musiques vraiment très différentes..

Benoît : Oui puis on a un peu le cul entre deux chaises, parce qu’on fait à la fois partie de la scène française, parce qu’on chante en français et en même temps, on est aussi dans ce genre de scène 80s un peu indépendante. Je crois aussi qu’on arrête un peu de se poser la question parce que la réponse elle est toujours un peu postérieure, on verra dans 20 ans ce qui s’est vraiment passé… Ce truc de vouloir classer les choses dès qu’elles sortent, de vouloir les canaliser, je trouve ça un peu étrange, je pense qu’il faut avoir un certain recul pour pouvoir classer ces choses là. Donc maintenant on est en train de bosser sur des morceaux pour un album, on ne se pose pas la question de savoir si on fait partie de la nouvelle scène française ou pas, on essai d’abord d’être contents et fiers de ce qu’on fait.

Camille : L’important c’est, je pense, que la musique française se porte bien en ce moment, qu’il se passe des choses et des bonnes choses !

Tout à fait ! Est- ce qu’il y aurait un artiste avec lequel vous aimeriez collaborer ?

Benoît : On avait parlé à un moment d’Agent Side Grinder. Ce sont des Suédois qui font du post-punk, de la bonne musique avec des synthés analogiques, des sons qu’on adore, une voix bien grave. Après dans les français, ça me trotte toujours dans la tête d’essayer de faire un quelque chose avec Christophe.

Vincent : Ouais, aller dans sa magnifique maison la nuit et tout !

Ça doit pouvoir s’arranger… Zoé m’a fait remarqué, à juste titre, que c’est un artiste Lyonnais qui a réalisé votre pochette d’EP. Il est aussi tatoueur sous le nom de ALL CATS ARE GREY c’est bien ça ? Comment s’est passé votre rencontre ?

Benoît : Oui exactement, il s’agit de Vincent Denis qui joue aussi dans Israël Regardie. J’ai beaucoup d’amis sur Lyon, je suis venu m’y planquer un été pour écrire mon mémoire à la bibliothèque de l’ENS. Je l’ai rencontré au Sonic par le biais d’autres amis. Au départ on ne savait pas trop quoi faire pour la pochette de l’EP, j’ai montré le travail de Vincent aux autres membres du groupe et ils ont adoré, voilà comment ça c’est fait.

pochette grand blanc album all cats are grey

Un bel objet que vous possédez en lien avec la musique ?

Benoît : On a notre van, qui, pour des raison économiques, est sponsorisé par Bavaria, il y a les deux ailes du logo sur la vitre arrière. C’est un van de tournée 8.6, on aime bien en faire des caisses sur le fait qu’on vient de la Lorraine, c’est un peu notre esthétique post-moderne quoi haha. On est assez fier de notre van  !

camion van 8.6 bavaria grand blanc label entreprise

Un souvenir d’enfance lié à un vêtement ?

Luc : Haha ouais j’ai un t-shirt Mickey Miami et le hasard fait que je le porte aujourd’hui d’ailleurs ! Mon parrain me l’a ramené de Miami en 1994. J’étais tout petit à l’époque, il était 3 fois trop grand et maintenant il me va bien ! Je l’ai toujours bien aimé.

Camille : Moi j’ai eu une période quand j’étais gamine où je ne voulais pas porter autre chose que des salopettes, c’était super moche ! J’en avais une jaune, elle était super moche…

Benoît : Moi je dirais que mon meilleur souvenir, c’est la première fois que mes parents ont accepté de m’acheter un baggy et que j’ai pu me ramener au collège avec un skateboard et un baggy… Ça a changé ma vie sociale ! Sans ça je pense que j’aurais sans doute fait de l’informatique.

Vincent : Ouais et aujourd’hui tu portes des slim ! Moi j’ai un projet c’est de remettre la cagoule à la mode, j’en avais plein quand j’étais petit et j’ai envie d’en remettre.

 Une pièce que vous affectionnez particulièrement ?

Camille : Moi j’ai des Reebok Princess, elles sont toutes blanches et je les trouve vraiment cool. Pour moi des baskets, ça ne peut pas être autre chose que tout blanc.

Benoît et Luc : Nous c’est pas très original mais les Dr Martens basses, on n’a jamais rien fait de mieux et on ne fera jamais mieux que le modèle bicolore.

Un guilty pleasure ?

Benoît : ouah on pourrait y passer la journée ! J’ai un marcel rose saumon que j’adore, mais le soucis c’est que passé 10m de distance ça ressemble fort à de la nudité… Comme il est assez loose j’ai souvent un téton qui se balade aussi donc c’est assez sympa. Il est guilty à mort !

Vincent : Moi j’suis dégouté parce que je pensais être original en achetant des Adidas Superstar il y a trois mois aux Etats Unis.. Et je me suis complètement fait baiser par Pharrell Williams qui les a rendu à la mode.. Donc voilà j’ai juste l’air d’un teenager…

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Y a t’il des créateurs ou une pièce de créateur que vous aimez particulièrement ? 

Benoît : J’aime bien agnès b., j’ai un manteau 3/4 droit en laine, il est parfaitement coupé, j’adore.

Camille : Moi je ne sais pas trop, je m’habille essentiellement dans des friperies donc je me fous un peu des marques… J’aime bien Levi’s Reebok et il y a une marque qui me fait rire c’est Champion USA !

Question un peu plus déco : un petit objet fétiche que vous avez chez vous ?

Benoît : J’ai un lièvre grandeur nature doré en plastique fait par un sculpteur qui fait des moulages d’animaux en taille réel qui en installe des milliers dans des endroits improbables. Et donc voilà j’en ai acheté un !

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Camille : Moi j’en ai un qui est chez Ben justement. Quand on avait 17 ans je suis allée avec ma meilleure amie au marché de Noël, on était un peu ivres et on a volé un grand champignon qui chante avec des paillettes dans le potager du Père Noël. Ben le déteste !

Une adresse pour faire du shopping ?

Benoît : Guerrisol ! C’est un empire de friperie tunisienne au départ. Ça a poussé en quelques années à Paris il y en a des dizaines maintenant, et c’est vraiment bien, bon c’est un peu standardisé, retouché, il y a pas mal de trucs immondes, mais on y trouve des pièces assez exceptionnelles ! Je me souviens notamment d’un magnifique poncho qu’une copine avait acheté, c’était un peu un gri-gri mais elle n’a jamais voulu nous le donner et est partie au Mexique avec.. Au pays des ponchos !

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© Adrien Landre

Après on peut imaginer qu’il a une belle vie là-bas !

Vincent : Ouais il est avec ses copains !

Une bonne adresse pour manger ?

Benoît : Le petit Cambodge ! C’est près du canal St Martin, c’est cool, c’est un peu francisé donc il faut pas être trop puriste de la nourriture Thaï. Après il y a le Bouclard, c’est un bon resto franchouillard avec une patronne qui déchire, c’est un peu cher, mais c’est de la poésie !

Luc : Moi j’ai un bon resto Russe Chez Mademoiselle dans le 15e, c’est le seul de Paris, ils font pleins de sortes de raviolis, ils ont une Vodka super bonne et c’est pas cher du tout.

Une adresse pour sortir ou pour danser ?

Benoît : en ce moment on perd un peu le rythme comme on a beaucoup de concerts, on s’auto-dance sur scène du coup ! Mais sinon y’a le 6B.

Camille : Oui c’est à Saint-Denis, c’est un énorme bâtiment occupé par une association. Ils organisent des soirées, des après-midi portes ouvertes, il y a des espaces dehors pour danser. C’est super chouette !

Luc : Et dans deux semaines ils fêtent leur cinq ans, et il y a un super line-up !

Benoît : On allait aussi souvent Chez Ammad un petit bar d’hotel, faut aimer l’ambiance « Gîtes de France » et tout mais c’est super cool, on y est tranquille.

Comment vous définiriez le « Chic à la Française » ?

Benoît : Je ne sais pas… Pour moi, par rapport au chic italien, anglais ou autre, chez les français il y a une espèce de sincérité, d’authenticité..

Vincent : Ouais le truc à la Gainsbourg, la chemise ouverte et la barbe de trois jours quoi.. Dans le genre, Vincent Cassel est pas mal, il portait des joggings et maintenant il est en costard cravate… Il est méga-classe ce type !

Benoît : Puis la classe à la française c’est aussi ce truc un peu grumpy d’être toujours un petit peu en colère contre quelque chose, même si c’est complètement inutile et simplement esthétique…

La playlist de Grand Blanc

Benoît : « Black » de The Soft Moon

Luc : « La Fête Noire » de Flavien Berger

Camille : Moi j’ai redécouvert une chanson magnifique ! Jean-Pierre Castaldi a eu une carrière musicale sous le nom de Paul Martin. Il a sorti un 45 tours avec deux titres, dont « Étrange Témoignage » qui est sublime, il parle et une femme chante le refrain.

Benoît : j’ajouterai « Parachute » qui est une chanson de notre groupe de potes Blind Digital Citizen. C’est un format un peu particulier avec du parlé/chanté, assez perché mais qui parle plus ou moins de la guerre. Elle est particulière car elle est chantée par le vidéaste de ce groupe Jean Turner, qui fait aussi de la BD, c’est un mec vraiment chouette. Leur album sort le 30 mars, il faut l’écouter !

NDLR le titre n’est pas encore dispo et sort la semaine prochaine, on a hâte de le découvrir ! En attendant quelques extraits du nouvel album.

Il y a aussi le dernier morceau « Eternal Light » d’Israël Regardie, ils ont un peu poussé leur esthétique au delà de ce qu’il ont pu faire avant. Et c’est génial, j’écoute ça en boucle !

Pour finir GRAND BLANC fait partie des dix finalistes du Prix Deezer Adami, vous pouvez les soutenir en votant pour eux tous les jours jusqu’au 31 mars ! Retrouvez les également sur leurs pages Facebook, Twitter et Instagram pour suivre leur actualité.

Merci Maxim Benoît, Camille, Luc et Vincent pour cette interview et à ce soir !

Transcription Maxim Bruchet

2 commentaires sur “La VIPlaylist #13 Grand Blanc

  1. Merci beaucoup d’avoir fais découvrir ce groupe que je ne connaissais pas du tout, et que maintenant j’adore. Leur musique ne me quitte plus.

    1. Oh ça me fait plaisir de lire ça Inès ! Il faut à tout prix que tu les vois sur scène, ils sont géniaux. Et je te conseille d’écouter leur chanson « Montparnasse » <3

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